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Nous avons interrogé André, ancien SDF

Nous venons de passer nos premières matinées au sein du Secours Catholique. Nous avons rencontré à la fois du côté des bénévoles que des accueillis des personnalités extrêmement variées. Et parmi celles-ci, il y a André. Il s'occupe du journal du centre d'accueil, écrit les articles, les met en pages et s'occupe de l'impression.

Poste lambda me direz-vous, à la nuance près qu'André est un ancien SDF, sorti de la rue en partie grâce au Secours Catholique.
C'est un homme fort passionné, qui s'en est sorti à la fois avec un mental d'acier et son goût prononcé pour la métaphysique. La vie peut réserver de belles surprises.
Alors, nous vous laissons découvrir l'interview d'André.
 
André – 25 février :
 
C'est dans un minuscule bureau qu'André nous reçoit. Entre les clapotis du clavier, et son poste de musique qui répand sa musique jazzy l'interview peut commencer.
 
Je suis au Secours Catholique depuis quelques temps, mais j'étais d'abord accueilli. Puis des problèmes de logement, personnels, puis d'argents pour payer le loyer … C'est le coup classique. Le propriétaire t'éjecte. C'est comme ça que je me suis retrouvé ici. A la suite de certaines réunions, grâce à la précédente responsable, Marie-Christine, une femme formidable, on a crée le journal. Tout cela a commencé avec un groupe de parole une fois par semaine, où tous les bénévoles étaient invités, les accueillis également. Car les sans-abris ont des projets aussi, c'est de là qu'est venu l'idée du journal, pour donner la parole aux accueillis. D'ailleurs, on le voit un peu partout le journal, à la mairie, à l’Église, à la Préfecture, même au Canada, une dame l'envoyait à sa fille. Donc on est connu, France3, Nice Matin, nous envoyaient des lettres d’encouragement au début.
C'est à l'époque de Marie-Christine et d'une bénévole qui s'appelait Jeanine, « Et si on faisait un journal ? ». A cette époque, je donnais des coups de mains aux accueillis, et en informatique je ne savais pas faire grand chose. Je leur ai dit que je pouvais essayer. Ainsi, d'accueilli je suis passé à bénévole.
 
 
Et quand on lui demande de se définir, la réponse se fait attendre. Celui qui s'est longtemps posé la question de savoir qui il était, a trouvé la réponse grâce à la métaphysique.
 
C'est une question très intéressante, comme disent les politiques. Et je ne voudrais pas y répondre n'importe comment. Avant je pensais que j'étais ce corps là, mais non c'est un instrument que nous avons, c'est de l'énergie. Mais j'ai beaucoup cherché pour apprendre cela.
J'étais dans le domaine comptable, j'ai eu un bac technique. Puis il y a eu une question principale qui s'est posée, qui m'a fait pleurer : Qui suis-je ? C'est bien beau je suis là, mais si la vie c'était que ça, ça ne vaut pas le coup. Il doit y avoir autre chose. Je suis allé voir à l' Église. Mais les personnes qui en sortaient étaient aussi tristes qu'en y entrant. La question, qui suis-je, si je suis ici sur Terre, c'est qu'on est là pour un but. Mais il y avait autre chose.
J'avais de l'argent, j'ai payé une chambre d’hôtel pour une semaine. Un ami m'a prêté un crucifix, j'ai prié tous les soirs, jusqu'au troisième soir. Je me suis arrêté : je veux savoir où je vais dans cette vie. Et tout d'un coup, première expérience métaphysique. Tout se bloque. Comme un déchirement, et je vois les images de ma vie. Il faut savoir que j'ai pleuré seulement deux fois dans ma vie : quand ma mère est décédée, je me suis effondré en voyant le cercueil, et ce soir-là. Celui qui te montre ces images là, Il te reproche rien. Tu sens un Amour, une chaleur qui monte. Il t'enveloppe. Un Amour dingue. Tes parents ne t'ont jamais aimé comme ça. Et d'un coup, les images s'arrêtent. C'est à ce moment là que je me suis plongé à fond dans la métaphysique donc s'il fallait me définir : je suis la vie. Je suis un passionné.
 
 
Sur son rapport au bénévolat, André a une relation lucide. S'il s'en est sorti, c'est aussi et surtout grâce à sa volonté.
 
Je suis devenu bénévole par rapport au journal. Puis plus je pratiquais l'informatique, plus j'aimais. Ici je pouvais travailler mes cours de métaphysique. Peut-être que je vais arrêter l'an prochain, mais personne ne veut reprendre le journal. Je ne veux pas faire ça continuellement. J'arrêterais le secours catholique, même si ça m'a beaucoup aidé.
 
 
Concernant la situation du Secours Catholique et des SDF, André est un homme de principes et de convictions. Quand on lui demande ce qu'il faudrait faire pour changer les choses, son vécu dans la rue apporte une réponse empreinte d'optimisme.
 
Moi j'étais dans la rue, et, je vous jure, quand vous prenais ce petit café ça vous fait du bien, ça réchauffe. Moi je ne regarde pas dans mes poches combien j'ai, si je peux aider, j'aide.
 
Pour les SDF, la première chose, quand on les voit c'est l'effet, il y a une cause qui les a conduit là. Il faut aller vers la cause, ici il faut un psychologue qui serait à l'écoute des gens, tout le monde n'accepterait pas. Mais certains viendraient. Il faut leur faire comprendre qu'ils peuvent s'en sortir. Si ils en sont là, c'est parce qu'ils ont cru au négatif.
 
 
On demande souvent dans nos questionnaires aux bénévoles de nous raconter des moments négatifs et positifs, pour la première fois, la réponse est bourrée d'optimisme.
 
Moi je ne regarde pas les moments qui m'ont énervé. Je garde les moments que j'ai appréciés. Ceux qui m'ont énervé m'ont appris à apprécier les autres. Comme être avec vous, j'apprécie.
Pour moi, le secours catholique a été une aide extérieur mais le tout c'est moi qui l'apporte. Ici j'ai trouvé ce qu'il fallait pour concrétiser les choses. Aujourd'hui, je fais le journal, mais j'ai aussi été à l'accueil, ou servir le café, laver le linge …
 
 
Ancien SDF à Nice, sa vision des choses reste toujours positive, et cela nous étonne encore.
 
La ville de Nice, j'y habite : bien sûr qu'il y a la pauvreté. Il faut éduquer les gens, leur apprendre les règles de la vie, de leur propre vie. Si ça c'est pas un pays merveilleux, comment ne pas aimer un pays comme ça ? J'adore ce pays. Mes chers amis vous avez un pays merveilleux, aimez-le. J'adore Nice.
 
 
 
Un regard comme le sien a été nécessaire et utile dans notre projet. Nous avons eu, avec André, un regard réaliste des choses : un ancien SDF qui s'en est sorti.
 
Quant à nos petites affaires, nous allons continuer nos investigations au sein du Secours Catholique. Très bientôt nous allons également participer à des maraudes avec le Secours Populaire. Notre projet poursuit son bonhomme de chemin.
 
A la prochaine.
 
Amandine et Vivien.  
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